L’Aiglon, un opéra griffé Ibert et Honegger
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L’Orchestre symphonique de Montréal reprend l’Aiglon d’Arthur Honegger et Jacques Ibert.

Certains Bonaparte se passent de présentation. Napoléon, le premier, le créateur de cette dynastie, répandit son désir de domination dans plusieurs pays d’Europe. Napoléon III changea le visage de la France – et celle de Paris, par la personne interposée du baron Haussmann – avant de se mesurer piteusement à la Prusse et ses alliés, époque décrite avec acuité dans les romans d’Émile Zola. Ces deux Bonaparte, le premier et le troisième trahirent l’esprit républicain. Et le deuxième, au fait ? Celui nommé l’Aiglon par Victor Hugo ? Le personnage est plutôt négligeable face à l’histoire. Mais le drame de Napoléon II, sacré roi de Rome peu après sa naissance, en a ému plus d’un.

Il naît en 1811 aux Tuileries. Pendant la débâcle de l’Empire édifié par le père, en 1814, il fuit avec sa mère à Vienne, où on le connaîtra bientôt sous le nom du duc de Reichstadt. Son grand-père maternel, l’empereur François Ier, l’aime beaucoup. Metternich, le diplomate légendaire, s’en méfie, se montre ambivalent à son sujet. Mais le jeune Bonaparte, malgré son désir de regagner Paris, meurt à l’âge de 21 ans de tuberculose pulmonaire. Nous sommes en 1832. La légende débute alors : les romantiques s’en emparent, la création poétique et théâtrale en nourrit l’imaginaire. Edmond Rostand écrit sa pièce L’Aiglon en 1900. Puis ce sera au tour de la musique.

L’opéra, on le sait, est une forme de musique lyrique, parfois rébarbative de premier abord. On le dit réservé à une élite. Quand deux compositeurs au sommet de leur art, Jacques Ibert et Arthur Honegger, s’unissent et créent L’Aiglon, on imagine des mélodies peu accessibles au commun des mortels. Cette œuvre, pourtant, ils l’ont voulu à la portée du plus grand nombre de mélomanes possible, en ne sacrifiant pas l’intelligence du texte et ni celle de la musique.

En mars 1937, soir de première à Monaco : L’Aiglon convainc la critique et emballe l’auditoire. Nous connaissons la conjoncture du temps. L’Europe exhale encore et toujours une odeur de nationalisme, malgré 14-18, et est à mettre au point d’autres années de carnages et de destructions. Cela interrompt, en 1940, la diffusion de l’œuvre : les chants révolutionnaires incorporés au livret et à la partition, dont La Marseillaise, ne plaisent pas à l’Occupant…

L’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) et Charles Dutoit, son maestro de l’époque, ont connu des heures glorieuses au sein de l’étiquette Decca. Certains de leurs enregistrements d’œuvres de Maurice Ravel sont devenus des enregistrements de référence. L’Aiglon marque le retour l’Orchestre, dirigé cette fois par Kent Nagano, dans cette écurie de prestige. Servie par une brochette impressionnante d’artistes et de musiciens, cette interprétation se pare d’une prise de son à la profondeur exceptionnelle.

L’Aiglon rêva son retour en France, pensa poursuivre l’œuvre de son père. Quand Napoléon Ier abdiqua en sa faveur, il avait quatre ans ; son « règne » dura 20 jours. Sa dépouille ne retourna en France qu’ en... 1940 ! Le Führer voulant gagner l’estime des Français autorisa ce transfert. Aujourd’hui, Napoléon II est aux Invalides, près de son père. Et l’opéra de Jacques Ibert et Arthur continue de nous ravir. En somme, en s’y intéressant de près, l’OSM nous a fait un très beau cadeau.

Ce disque est en vente chez Gibert Joseph.

Gibert Joseph - Disques classiques et jazz
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