Exposition "La folle semaine des premiers Jeux internationaux silencieux"
à l'INJS, 254 rue Saint-Jacques, Paris 5è.
Du lundi au vendredi de 13h à 18h, jusqu'au 5 juillet 2024
"Il y a juste un siècle, du 4 mai au 27 juillet 1924, se tenaient les J.O. de Paris. Peu après avaient lieu, du 11 au 17 août, les premiers Jeux internationaux silencieux qui rassemblaient des athlètes sourds de neuf pays européens. Une exposition, à l'INJS (Institut national de Jeunes Sourds), rappelle cet événement fondateur.
Ces Jeux internationaux silencieux ont eu un photographe: Alexandre Pétin, lui-même sourd, sportif et ancien élève de l'INJS. Passionné de photo, celui-ci a été un témoin essentiel de ces premiers Jeux. Il a suivi toutes les compétitions et les cérémonies officielles.
Mais ces Jeux n'auraient pas eu lieu sans la volonté d'un homme, Ruben Alcais, un Français né en 1884, sourd, créateur du premier club sportif sourd de Paris en 1911, puis fondateur en 1914 du magazine “Le sportsman silencieux”. Toute sa vie, il a œuvré pour que les Sourds puissent pratiquer des sports et participent tous les quatre ans à ces Jeux internationaux - Pierre de Coubertin avait interdit l'utilisation du mot “olympique” en dehors des Jeux olympiques.
140 sportifs ont participé à ces Jeux, mais ce sont essentiellement la France, la Grande-Bretagne, la Belgique et, à un moindre niveau, les Pays-Bas, qui ont fourni les plus gros contingents.
Les compétitions ont lieu dans six disciplines : cyclisme, football, athlétisme, natation, tennis et tir.
Avant leur début, une visite est organisée à l'Hôtel de Ville et à la cathédrale Notre-Dame.
Les joueurs de tennis s'affrontent au Tennis-club Saint-James à Neuilly, puis les nageurs concourent dans la piscine des Tourelles qui vient d'ouvrir dans le 20e arrondissement de Paris : c'est le premier bassin français de 50 mètres. A noter que la seule femme des Jeux, la Néerlandaise Hendrike Van der Heyden remporte l'épreuve de dos qui était donc mixte.
Ce sont le cyclisme et le football qui rassemblent le plus grand nombre de participants.
La course cycliste a lieu sur un parcours de 150 kms, à l'Est de Paris, en Seine et Marne et dans l'actuel Val de Marne.
Les matchs de football se déroulent dans deux stades: le stade Bergeyre, sur la butte Bergeyre, dans le 19e arrondissement, et le stade Pershing, à Vincennes. Les épreuves d'athlétisme, comme celles du tir, ont également lieu au stade Pershing.
Ce stade est le lieu, le 14 août, d'une cérémonie protocolaire, avec le défilé des délégations nationales, le salut olympique, et le serment olympique traduit en langue des signes internationale. A l'issue de cette cérémonie, une démonstration de gymnastique est faite par le club de sportifs sourds "L'Etoile de Metz".
Autre moment fort, important pour l'avenir: le 16 août, le Congrès international sportif silencieux, à l'initiative de Ruben Alcais, a lieu Porte Dorée, dans le 12è arrondissement. Les délégations des pays participant à ces premiers Jeux, notamment la Belgique, avec Antoine Dresse, décident la création d'un Comité international des sports silencieux, devenu plus tard le Comité international des sports des Sourds.
Le lendemain est le dernier jour des Jeux, avec une course de cyclisme sur piste, au vélodrome de Vincennes.
A l'initiative des Sourds britanniques, plusieurs délégations se rendent ensuite à l'Arc de Triomphe pour rendre hommage au Soldat inconnu, dix ans après le début de la guerre 1914-1918.
Ces Jeux- appelés aujourd'hui Deaflympics- Jeux d'été, ainsi que Jeux d'hiver, ont lieu tous les quatre ans, mais un an après les Jeux olympiques et paralympiques. Les prochains Deaflympics auront donc lieu en 2025.
Excellente initiative de l'INJS de rappeler cet événement fondateur de 1924 qui demeure dans les mémoires grâce, surtout, aux nombreuses photos d'Alexandre Pétin."
Alain Garabiol