Luxembourg en 2004

Françoise Chenet
visuel luxembourg

Exposition : « Mémoire du Luxembourg. Du jardin des Chartreux au jardin du Sénat », 29 juin-30 juillet 2004

https://artsandculture.google.com/story/le-jardin-du-luxembourg-du-jardin-des-chartreux-au-jardin-du-s%C3%A9nat/nwUxRWK-5BYA8A

 

C’est ici le lieu de célébrer l’action du Sénat dans son palais et ses jardins du Luxembourg. D’abord parce que ces jardins sont réellement magiques grâce à cette diversité végétale et architecturale (qui me fait employer le pluriel) mais aussi humaine : le Luxembourg, c’est l’Europe, voire le Monde à Paris, toutes générations confondues. C’est merveille que de pouvoir ainsi se frotter aux autres sans quitter son quartier et d’entendre tous ces langages « forestiers » (Queneau) se mêler au croassement des corbeaux (joli duo, l’autre jour) ou aux pépiements d’un grenadier (Punica granatum, « Flore pleno ») squatté par des dizaines de moineaux  qui l’avaient transformé en volière. 

Le Monde, que dis-je ? le Cosmos si l’on considère les jardins de l’Observatoire qui le prolongent et conduisent à ce haut lieu de l’astronomie en passant par la Fontaine de Davioud avec ses « Quatre parties du monde » de Carpeaux qui viennent d’être restaurées. Il est vrai que ces jardins sont à la Ville de Paris, mais qu’importe : il y a par le jeu des perspectives, et par émulation aussi sans doute, un bel ensemble animé, au meilleur sens du terme, d’une vie culturelle dont le jardin est à la fois le cadre et la justification. 

Indépendamment des expositions du Musée qui, si elles n’ont pas de rapport avec l’art des jardins et des paysages, en ont un avec son origine qui est aussi celle du palais – l’Italie de la Renaissance et des Médicis —, le méSénat (le mot est de Christian Poncelet), toujours dans la tradition des Médicis, organise expositions et manifestations in situ ouvertes à tous. Les grilles du jardin ont accueilli les « Vues du ciel » de Yann Arthus-Bertrand, les photos des « Territoires de France », celles de « La France libérée » et depuis le 1er octobre 2004 « Les 108 portraits du dragon. Les mille visages de la Chine » dans le cadre de l’année de la Chine. Ainsi, le jardin est-il effectivement « un haut lieu de l’art passant » (le président du Sénat). « Art passant » est un mot à retenir qui pourrait définir l’art du paysage, art du passage autant que passage de l’art pour le passant

On n’aurait garde d’oublier les opéras en plein air — La Bohême de Puccini, cette année – et les concerts dans le Kiosque à musique. Il faudrait aussi parler des expositions de l’Orangerie plus liées au jardin. Cette année, « Mémoire du Luxembourg. Du jardin des Chartreux au jardin du Sénat »  (29 juin-30 juillet 2004) mettait l’accent sur cette autre tradition du jardin, celle de la chartreuse : une autre articulation entre l’espace, le temps, le travail et la méditation qui obligeait les chartreux, après avoir travaillé leur bout de jardin en silence, au « spaciement », c’est-à-dire, à une promenade hebdomadaire en groupe de deux ou trois moines hors de la chartreuse pour sortir de leur cocon. Le jardin actuel est devenu le lieu de notre « spaciement » : jolie conversion !