Seul cinéma du quartier Mouffetard, "l’Épée de bois" est parvenu à rester indépendant.
Au 100, rue Mouffetard, une discrète façade en acier au dessus de laquelle apparait le nom du cinéma, écrit en lettres bleu marine, trois marches, puis un étroit couloir où s’exposent les affiches des films proposés, avant d’arriver à la caisse et de descendre dans une des deux salles de 75 et 65 places.
A côté de la caisse, des affiches de films mythiques- "le 3ème homme", "Fanfan la Tulipe", "Blow up"...- pas de doute : on est bien dans l’ambiance d’un cinéma d’art et essai. Et, depuis fin 2017, "l’Épée de bois" fait partie des CIP, les cinémas indépendants de Paris qui ont créé une carte donnant droit à un tarif réduit dans toutes les salles ayant ce label. Cette carte, créée à l’initiative d’Isabelle Gibbal-Hardy, directrice du Grand Action, a eu pour effet d’augmenter la clientèle de ces cinémas.
"L’Épée de bois" est un "cinéma en continuation", explique Martine Zaoui, sa directrice déléguée. Autrement dit, il passe les films qui sont en 4 ème ou 5 ème semaine d’exploitation, et qui ont fait un bon chiffre. Mais il faut se battre au téléphone tous les lundis matins auprès des distributeurs pour obtenir un film ! La compétition est en effet rude avec les autres cinémas pour obtenir un film qui a bien marché jusqu’alors, et pouvoir l’afficher à partir du mercredi suivant.
Avantage pour les clients : quand ces films sont projetés à "l’Épée de bois", le prix d’entrée est presque deux fois moins cher que lorsqu’ils passent en exclusivité.
Le cinéma a quatre salariés, chargés aussi bien de l’accueil que de la projection- le procédé numérique simplifie la manipulation des films.
Une dizaine de films sont programmés chaque semaine, des films français et étrangers, en version originale uniquement !
Cinéma de quartier, cinéma indépendant financièrement des grands groupes, à taille humaine, "L’Épée de bois" résiste à la concurrence "en perpétuant un modèle qui, se félicite Martine Zaoui, attire aujourd’hui davantage de jeunes, lassés des grandes salles impersonnelles".
Pour la petite histoire, c’est une réalisatrice -notamment du film "Villa des dunes"- Madeleine Hartmann, qui a créé ce cinéma en 1978, en achetant rez-de chaussée et sous-sol. Auparavant, dans ce lieu, de 1965 à 1971, a existé le théâtre d’avant-garde L’Epée de bois-le nom est resté, il s’explique par la proximité de la rue éponyme. Depuis, le cinéma a eu plusieurs propriétaires, l’actuel est Dragan Klisaric, propriétaire d’un cinéma à Coulommiers.
A l’extérieur, le cinéma se prolonge de deux manières : en bas de la rue Mouffetard, un panneau signale aux passants l’existence de l’Épée de bois ; il s’agit d’une initiative de la mairie du 5ème pour mieux faire connaitre les cinémas indépendants de l’arrondissement. Et, dans une rue voisine, la rue Jean Calvin, un artiste a dessiné sur un mur, jouxtant le cinéma, des spectateurs se faisant une toile...
"L’Épée de bois", un îlot de résistance dans un monde standardisé.
> L’Épée de bois, 100 rue Mouffetard, Paris 5ème.