Pionnières. Les femmes artistes dans le Paris des années folles
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Les femmes artistes dans le Paris des années folles. Exposition au musée du Luxembourg : 2 mars - 10 juillet 2022.

Tout est dit du double message de l’exposition dans un magnifique tableau de Suzanne VALADON La chambre bleue, 1923. Présence et intelligence des femmes vont animer toutes les œuvres de ces audacieuses assoiffées de liberté, impatientes de créer par elles-mêmes. De leur pinceau, de leur plume, de leur aiguille, de leur burin, de leur appareil photo, de leur corps dansant, elles réécrivent l’histoire de l’Art au féminin.
Voyez dans la chambre bleue, l’odalisque traverse la composition en oblique, étendue sur un lit, comme il se doit. Mais tout change. Tranquille chez elle, habillée et non pas nue, elle se prélasse dans un pantalon de pyjama rayé vert et blanc avec un dessous à bretelles. Oui, elle est grosse et lourde, enfoncée sur un dessus de lit moelleux à souhait, et adossée à un oreiller. Oui, elle se sent très bien dans son confort douillet, et personne pour la regarder, et personne à séduire.
Quel peintre, avant ce tableau, s’est jamais soucié de l’existence vraie des femmes ? Ici, elle est présente à elle-même, tout simplement présente. J’existe et je jouis de la place que je me suis donnée.
Et encore, ceci à observer : notre odalisque fume comme un homme, adonnée à ce délassement qui porte habituellement la pensée. A ses yeux plongés loin devant, on voit en effet qu’elle pense, ou réfléchit, ou imagine. A côté d’elle, deux livres.
Quel peintre avant ce tableau, s’est jamais soucié de représenter l’intelligence des femmes ?
L’exposition ne ment pas sur le réel des femmes. Mela MUTER peint dans la famille tzigane la difficulté à la maternité, visage fermé, détourné de l’enfant. Tamara de LEMPIKA joue d’ombre et de lumière pour imposer la présence sculpturale des femmes qui s’aiment. Alexandra BELCOVA encadre une joueuse de tennis au cou musclé aussi déterminée que le carré dans lequel elle s’inscrit, remplissant avec sa raquette tout l’espace structuré en figures géométriques…
Les femmes artistes des années folles veulent vivre de leur art, indépendantes. A force d’ingéniosité elles y parviennent. Si Marie LAURENCIN vend tout de suite ses tableaux, d’autres inventent des moyens pour vivre. Par exemple Marie VASSILIEFF lance l’idée des poupées-portraits pour les célébrités de l’époque qui veulent toutes la leur. Enfin, ces artistes brisent les cadres en faisant de leur art de une arme pour bousculer les mentalités et ouvrir de nouvelles voies aux idées. C’est ainsi que se crée un troisième sexe avec par exemple les photographies de Claude CAHUN qui se met en scène à travers l’ambiguïté floue de l’entre masculin/féminin. A force de chercher leur place, les artistes vont aussi ailleurs, curieuses du monde tel qu’il est : Lucie COUSTURIER ramène de ses voyages des portraits qui n’ont rien à voir avec les stéréotypes de l’époque.
La seconde guerre mondiale brise les ailes de ces créatrices dont il faut absolument découvrir l’audace et le talent, ces femmes, libres et intelligentes, qui ne cessent d’affirmer leur présence réelle et qui régénèrent la perception de la féminité, aujourd’hui.
Edith VALLEE



Pétition au sujet de la sauvegarde de cette bibliothèque, patrimoine du Quartier Latin

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