LUTETIA, CIVITAS PARISIORUM

Alain Garabiol
Lutetia, civitas Parisiorum


LUTETIA, CIVITAS PARISIORUM

Le dernier ouvrage de Thierry Depeyrot est ambitieux par son thème, car il traite de toute l'histoire architecturale et urbanistique de Lutèce et de Paris. Un livre richement illustré.

L'ouvrage évoque particulièrement les grands moments de changement de la Capitale, et met en valeur le rôle des monarques dans ces évolutions. C'est notamment le cas pour les enceintes: Paris étant la capitale du royaume, elle a dû être protégée de ses ennemis. Au cours des siècles, en raison de l'agrandissement permanent de la capitale, se sont succédé l'enceinte gallo-romaine, la première enceinte médiévale (10è-11è siècle), l'enceinte de Philippe Auguste (12è-13è siècle), l'enceinte de Charles V (14è-15è siècle), l'enceinte de Louis XIII (16è-17è siècle) avant le Mur des Fermiers généraux (1784-1790) puis l'enceinte de Thiers (1840-1844).

Les transformations importantes dues à Haussmann se sont traduites parfois par des destructions d'édifices très anciens, comme l'église Saint Marcel, vieille de neuf siècles, démolie lors de la création du boulevard du même nom. Une gravure représente les ruines d'un porche de l'église. Saint Marcel est moins connu que les deux autres saints patrons parisiens, Sainte Geneviève et Saint Denis.

Le livre rappelle l'existence d'ouvrages impressionnants dont il ne reste guère de traces: ainsi l'aqueduc de Lutèce dont la fin s'explique par les invasions barbares du 4è siècle. Mais, au 17è siècle, l'aqueduc Médicis reprendra une partie de son tracé.

L'iconographie est riche, notamment celle concernant la Lutèce gallo-romaine; des photos du pilier des Nautes, des fouilles des thermes du Collège de France, ou des travaux de mise au jour des arènes de Lutèce sont particulièrement évocatrices. L'existence de thermes, entre la fin du 1er siècle et la fin du 3è siècle, au niveau de la rue Gay-Lussac, est rappelée.

Un juste hommage est rendu par l'auteur à l'archéologue Théodore Vacquer qui a révélé de nombreux monuments disparus de la ville gallo-romaine et permis ainsi de mieux connaitre Lutèce.

Très intéressant aussi, le plan de Belleforest (1575), avec les sept iles disparues de la Seine à Paris. L'auteur du livre nous donne l'explication de leur disparition. A noter que la troisième île actuelle de Paris, l'île aux cygnes, la moins connue, a été créée artificiellement en 1825.

Les explications de l'essor du Quartier Latin sont rappelées: suite à une émeute d' étudiants en 1200, Philippe Auguste leur accorde une exemption de taxes et d'obligations militaires, et l'enseignement y devient gratuit. Dès lors, libraires, éditeurs et copistes s'y installent, la Sorbonne est créée en 1254, et les étudiants originaires de diverses régions y sont de plus en plus nombreux, il y a aussi des étudiants anglais-la "rue des Anglais" rappelle cet épisode.

L'ouvrage de Thierry Depeyrot recèle aussi de nombreux documents plus récents, et parfois pittoresques, comme une gravure du début du 20 è siècle représentant les communautés provinciales immigrées à Paris, les plus importantes étant alors celles des Auvergnats et des Bretons, toutes représentées avec leurs vêtements provinciaux traditionnels, ou aussi des photos des portes de Paris vers 1900, des portes grillagées et traversées encore par des calèches.

A la fin de l'ouvrage, une histoire de chaque arrondissement de Paris est illustrée par des documents fort divers comme un plan des halles de 1553, une photo du  robinier du square Viviani, le plus vieil arbre de Paris, des peintures de courses à Auteuil, une affiche très colorée du "Grand Bazar de l'Hôtel de Ville, le plus vaste du monde, le meilleur marché de tout Paris", ou une photo de l'ancienne gare de Ménilmontant,

"Lutetia, civitas Parisiorum", de Thierry Depeyrot- Editions Depeyrot, adresse mail: thierrydepeyrot@wanadoo.fr

Alain Garabiol