Mundolingua, le musée des langues et du langage

Alain Garabiol
Musée Mundolingua

Une entrée très discrète, mais, au sous-sol, une véritable caverne d’Ali-Baba : visite de Mundolingua, le musée des langues, du langage et de la linguistique.

A l’origine de ce musée très original, situé près de la place Saint-Sulpice, à Paris, un Néo-Zélandais, Mark Oremland, qui possédait une agence de voyage à cet endroit. Un homme passionné de langues - il a étudié les sciences du langage à l’Université Paris V René-Descartes. Il a vendu son affaire pour créer Mundolingua, ouvert en octobre 2013.

Le musée, unique en Europe par sa manière de traiter les langues de façon globale, sans en favoriser une seule, possède, sur 170 m2, trois salles : deux petites au rez-de-chaussée, et une très grande au sous-sol, profond, par lequel on accède par" l’escalier de Babel".

Le visiteur est invité à découvrir les secrets du langage à travers des lectures et des écoutes depuis les écrans tactiles, dans une des six langues officielles des Nations unies : français, anglais, espagnol, russe, arabe, chinois (mandarin). Pour chaque sujet, un écran tactile interactif avec textes à lire, vidéos à regarder, bandes sonores à écouter.

Le musée Mundolingua, qui ne reçoit aucune subvention, n’est pas assez connu. " On fait ce qu’on peut avec les moyens disponibles ", dit Mark Oremland. Le site Internet est une vitrine du musée.

Celui-ci, au delà des langues, s’intéresse au langage, comme le gestuel, celui des couleurs, à travers les feux signalétiques, celui des animaux et des plantes, ou celui des langages secrets comme le loubechem, le verlan, le slang ou le javanais.

Ce qui frappe particulièrement le visiteur est l’étonnante diversité des langues : ainsi, sur une grande carte de l’Australie, il apparait que les aborigènes parlent un idiome différent dans les nombreuses régions du pays ; et, sur un tableau, apparaissent les nombreux alphabets du monde méditerranéen : étrusque, cananéen, araméen, samaritain, berbère, arménien, géorgien...

Les langues mortes, tout comme celles qui sont en danger, telle la langue de l’île de Man, ne sont pas oubliées. Et la langue des signes et le braille sont expliqués, ainsi que les langues inventées, l’espéranto, le volapük ou le gibberish...

Langues écrites et orales... Sur un ordinateur, on découvre des palettes d’accent, les troubles du langage, et aussi la technologie de reconnaissance vocale.

Il y a deux étages à Mundolingua, mais aussi deux niveaux d’accès : pour les spécialistes - ainsi, " l’histoire de la linguistique" - et pour les personnes curieuses de découvertes : ces dernières vont adorer se promener dans le dédale du sous-sol, découvrant ici une machine Enigma, là une reproduction de la pierre de Rosette ou des Manuscrits de la mer morte ; des boîtes de jeux comme "Des chiffres et des lettres" ou "une aventure de Tintin" en espéranto amuseront ou intrigueront. De nombreux objets ludiques servent à illustrer les sujets abordés. "Un musée pour s’amuser", tel est le slogan de Mundolingua.

Cet étonnant musée privé, financé par son créateur-mécène, Mark Oremland, reçoit pour moitié un public francophone, pour un quart un public anglophone et pour un quart des habitants de pays européens. " Nous visons, explique celui-ci, les touristes étrangers ou provinciaux, les enseignants et étudiants en langues, les lycéens de classes de découverte, les Parisiens qui recherchent quelque chose d’original ". Ces publics différents se côtoient, et s’émerveillent tous de la variété des moyens de communication. Le langage joue un rôle si important dans nos vies !

Une fois par mois, une conférence a lieu sur un thème lié au langage, et des ateliers existent à la demande, pour les scolaires.

Mundolingua, un musée insolite à découvrir !

 

Mundolingua, 10 rue Servandoni, Paris 6ème