Wolfram

Isabelle RIVALS

Le wolfram, ou la wolframite, est un minerai de tungstène. Découvert au XVIe siècle dans le Erzgebirge, massif montagneux riche en gisements de minerais variés (d'argent, cobalt, étain, fer, nickel, mercure…) situé entre le Land de Saxe et la République Tchèque, le wolfram est noirâtre et très friable, d'où le nom de ram "saleté, suie" en moyen haut allemand (Rahm en allemand moderne). Par ailleurs, l'ajout du minerai dans le fourneau provoquait une forte coulée d'étain, d'où le déterminant Wolf "loup" : une suie dévorante en quelque sorte. Et voilà pourquoi le tungstène, l'élément atomique 74, a pour symbole la lettre W. Tungstène lui provient du suédois tung « lourd » et sten « pierre ». Notons que ce métal doté d'un point de fusion extrêmement élevé, très utilisé dans les applications électriques, est aussi très dur et résistant à la traction et donc stratégique dans l'armement où il améliore la résistance des armes et des blindages. Il a ainsi été au cœur de la crise dite du wolfram, un conflit diplomatique de la Seconde Guerre Mondiale qui a opposé l'Espagne franquiste et les puissances alliées, ces dernières cherchant à bloquer les exportations espagnoles de minerai de tungstène vers l'Allemagne nazie. 

« Profitant de la crise économique et d’une neutralité maintenue durant la Deuxième Guerre mondiale, pendant laquelle de fortes exportations de wolfram permirent même un éphémère excédent de la balance commerciale, il [Salazar] libéra son pays de la dette étrangère et gagea la monnaie, devenue forte, sur un abondant stock d’or, au prix d’une limitation des investissements et d’une autarcie aussi complète que possible : mieux valait, disait-il sans cesse, la pauvreté que la dépendance, et la fidélité aux traditions, fussent-elles routinières, que les périls sociaux engendrés par la modernité et l’urbanisation sans freins. » Extrait de Histoire du Portugal de Albert-Alain Bourdon (Chandeigne, 2010).