Le trochée est le pied, ou unité rythmique, de la métrique antique constitué d’un temps long/accentué (–) et d’un temps bref/non accentué (U), soit | – U |, par opposition à l'iambe | U – | par exemple. Le terme vient du grec ancien τροχαῖος "coureur" (en grec moderne courir se dit τρέχω). La poésie s'étant développée en musique, le vocabulaire de la métrique antique est en effet empreint de son origine dansée.
" Dans leurs toponymes, ils [les Siciliens] ont une passion pour les mots pentasyllabiques accentués sur la première et la cinquième [sic] syllabe (dactyle + trochée), sur le rythme "toum-ti-ti-toum-ti" : Caltanissetta, Acireale, Calascibetta, Castelvetrano, Misterbianco, Castellamare, Caltagirone, Roccavaldina - la liste est presqu'infinie (Lampedusa donne à la propriété de campagne de DonSalina le merveilleux nom de "Donnafugata"). " Extrait de l'Histoire de la Sicile, de l'antiquité à Cosa Nostra, de John Julius Norwich, 2015 (dans la traduction de Denis-Armand Canal, Tallandier 2018).
C'est ainsi que Dominique Fernandez, dans son formidable récit de sa longue pratique de la Sicile Le radeau de la Gorgone (Grasset 1988), pour préserver l'intimité de sa demeure probablement à la pointe sud-est de l'île, donne au village voisin le nom parfaitement imaginaire de Calataporto tout en se pliant à la métrique des toponymes siciliens (| – U U | + | – U |).