Purotin

Isabelle Rivals

Ce terme familier et désuet désigne littéralement quelqu'un qui est dans le purot, autrement dit le purin, et donc dans la misère.

« Les mendiants, les prostituées et les grinches sont restés depuis le Moyen Age dans ce coin de ville, mais les étudiants semblent l’avoir pour jamais quitté. Ils ne franchissent guère maintenant le boulevard Saint-Germain et le boulevard Saint-Michel qui enserrent le labyrinthe des vieilles rues. À l’heure actuelle, le quartier Saint-Séverin, le seul, à Paris, qui conserve encore un peu de l’allure des anciens temps, s’effrite et se démolit chaque jour ; dans quelques années, il n’y aura plus trace des délicieuses masures qui l’encombrent. On nivellera d’amples routes, l’on abolira les tapis-francs, l’on refoulera le long des remparts les purotins et les escarpes ; une fois de plus, les moralistes s’imagineront qu’ils ont déblayé la misère et relégué le crime ; les hygiénistes clameront également les bienfaits des larges boulevards, des squares étriqués et des rues vastes ; l’on répétera sur tous les tons que Paris est assaini, et personne ne comprendra que ces changements ont rendu le séjour de la ville intolérable. » Extrait de La Bièvre, Les Gobelins, Saint-Séverin de Joris-Karl Huysmans (1901).