A l'aube de la monarchie de juillet, une femme qui approche la quarantaine peut-elle encore connaître l'amour vrai ? C'est le pari que fait la princesse de Cadignan qui, amoureuse de d'Arthez, "écrivain irréprochable", redoute de le perdre quand il connaîtra sa réputation sulfureuse de femme frivole et dangereuse. "Une croqueuse d'hommes", dit-on. Un "Don Juan femme". Jouant de ses "secrets" quelque peu arrangés et habilement distribués, elle réussit à lui imposer l'image qu'elle veut donner d'elle-même, celle d'une femme libre s'amusant des hommes "comme les hommes s'amusent des femmes" et leur renvoyant en miroir leurs propres turpitudes. "Pourquoi le beau sexe ne prendrait-il pas de temps en temps sa revanche ?…" lancera d'Arthez à la tête de ses ex-amants ligués pour la calomnier.
L'adaptation d'Arielle Dombasle sous le signe de Rohmer qui lui avait recommandé cette nouvelle, " le joyau de la couronne" des romans balzaciens, mais aussi de Visconti dont elle reprend les costumes, donne un film "extravagant", "rempli d'audace", apparemment "foutraque" mais subtil. Elle y campe un Balzac féministe, ébloui par ces femmes passionnées capables d'un amour absolu et mystique à la mesure de la liberté qu'elles ont réussi à s'octroyer face à une société qui les met dans le carcan du mariage arrangé et forcé.
La séance sera suivie d'un débat animé par Anne-Marie Baron, Présidente de la Société des Amis d'Honoré de Balzac dont elle dirige la revue : Le Courrier balzacien. Elle est historienne et critique de cinéma à la radio, dans la presse écrite et en ligne. Elle a publié une quinzaine d'essais sur Balzac et sur le cinéma, dont Balzac cinéaste (1990), et Balzac spiritualiste d'aujourd'hui (2022).
